Eventail Frivolite
PRESENTATION
A l’époque du projet, Sylvain le Guen est un jeune éventailliste autodidacte de 25 ans. Il dessine, conçoit et réalise entièrement ses créations en intervenant dans toutes les étapes de la fabrication : le choix des matériaux, des formes, le plissage, le rivetage et la finition. Influencé par la culture japonaise, il tente de redonner un souffle à l’éventail traditionnel en innovant dans les formes de pliage et d’ouverture, tout en conservant l’aspect fonctionnel de l’objet. Edwige Renaudin s’intéresse aux éventails à travers la dentelle : modéliste patronnière de formation, elle développe depuis plusieurs années une technique de dentelle ancestrale
la frivolité en inventant sans cesse de nouveaux motifs et en poussant la minutie et la finesse à leur extrême. Elle réalise
des pièces d’une grande complexité sur des supports aussi variés que des vêtements, bijoux, linges de maison…
LA RENCONTRE
C’est au cours de l’exposition de ses créations modernes organisée par le Cercle de l’ Éventail, au Musée de la Mode de la Ville de Paris que Sylvain Le Guen fait la connaissance d’ Edwige Renaudin. Membre du Cercle de l’ Éventail depuis 8 ans, cette créatrice recherchait depuis plusieurs mois un artisan capable de lui réaliser une monture sur mesure afin d’apporter son concours à une exposition.
Le projet originel lancé en 1999 au Marché Dentellier de Cabourg était de créer une feuille, d’après modèle, dans une spécialité de dentelle au choix. Edwige Renaudin voit là l’occasion de promouvoir la frivolité, cette technique de dentelle dont elle est l’une des rares ambassadrices en France.
LA FRIVOLITÉ
Qu’est-ce que la frivolité ?
La frivolité est faite de noeuds que l’on forme sur le bout des doigts. La navette sert à porter le fil que la dentellière dévide au fur et à mesure de son travail. Le nœud formé par le fil de la navette tenue de la main droite est transféré sur le fil tendu autour des doigts de la main gauche. La technique est basée sur 2 mouvements qui forment un double noeud. Les petites boucles de fils intercalaires appelés picots placées entre les nœuds lui donnent sa texture légère et délicate. Traditionnellement, la frivolité se distingue des autres formes de dentelles par sa construction caractéristique faite d’anneaux et d’arceaux garnis de picots.
Au cours de son évolution, la frivolité a souvent eu mauvaise presse et a longtemps été réduite à de simples petits ronds et considérée comme de la passementerie. Quelques créateurs contemporains se sont donnés pour mission de la faire découvrir au grand public et entendent bien lui redonner ses lettres de noblesse.
D’OU VIENT LA FRIVOLITÉ
Le mot frivolité vient du latin frivolus et signifie « léger », « futile », « agréable ». L’ouvrage se faisait surtout en compagnie : les dames se racontaient des futilités tout en maniant avec grâce la navette.
Au moyen âge, on nouait des fils à intervalles réguliers qu’on appliquait ensuite sur le tissu pour souligner les broderies et imiter les pierres précieuses. Au XVII ème siècle, on utilisait des chapelets de noeud pour confectionner les houppes des cols en dentelle des hommes. Tout au long du XVIII ème siècle en Europe, la mode était de « faire des nœuds » en société; les dames possédaient des navettes faites des matériaux les plus précieux et très richement décorées. L’activité décline jusqu’à la moitié du XIX ème siècle, période à laquelle la frivolité connaît quelques découvertes techniques; elle est utilisée dans un premier temps comme fine dentelle, puis sert à imiter la passementerie à la mode à la fin du siècle. Après être tombée de nouveau en disgrâce, la frivolité revient en vogue dans les années 30. De nos jours, une association internationale The Ring of Tatters met en relation les passionnés de frivolité à travers le monde
UNE FEUILLE D’ ÉVENTAIL EN FRIVOLITÉ
Le travail de la frivolité requiert une très grande dextérité, mais aussi la capacité de projeter dans l’espace : en effet, tous les motifs sont construits indépendamment avant d’être finalement assemblés. Il n’y a pour ainsi dire pas de « cadre » ou de support à la construction, ce qui multiplie le risque d’erreurs et d’irrégularités. La réalisation d’une feuille d’éventail en frivolité est donc un véritable défi. A cela vient s’ajouter la difficulté généralement rencontrée par l’éventailliste lors de la réalisation d’un éventail en dentelle : la finesse des ajours ne doit pas nuire à son aspect fonctionnel, et l’objet doit fermer aisément en garder des proportions raisonnables un fois plié. Le travail conjugué de l’éventailliste et de la dentellière permet d’atteindre une régularité quasi parfaite du positionnement de la monture dans les plis.